Le skipper suisse Oliver Heer revient sur l'aspect commercial de la voile un an après avoir marqué l'histoire de la voile.

Il y a un an, le navigateur suisse Oliver Heer entrait dans l'histoire en devenant le premier skipper suisse-allemand à prendre le départ du Vendée Globe, la course à la voile en solitaire, sans escale et autour du monde la plus difficile au monde. Le 10 novembre 2024, Heer a rejoint 39 des meilleurs navigateurs du monde pour un départ inoubliable des Sables-d'Olonne, en France. Chaque skipper a défilé à bord de son bateau sur la célèbre Manche, acclamé par près de 300 000 spectateurs massés le long des quais. Pour Heer, ce moment reste profondément personnel.

« Ce matin-là fut riche en émotions, l'un des jours les plus mémorables de ma vie », se souvient-il. « Arriver sur la ligne de départ représentait l'aboutissement d'années de travail acharné et la récompense pour avoir surmonté tant de défis et d'obstacles. C'était un moment très spécial que je n'oublierai jamais. »

S'ensuivit un tour du monde en solitaire et sans assistance, parfois éprouvant, qui dura 99 jours. Heer y boucla non seulement son premier Vendée Globe, mais rejoignit également le cercle très fermé des quelque 100 navigateurs ayant accompli cet exploit. Pour ce navigateur de Rapperswil-Jona, qui réalisa cet exploit avec un budget modeste et à bord d'un des plus vieux bateaux de la flotte, ce fut une remarquable démonstration de compétence, de persévérance et de force mentale.

« Les gens voient les vagues, le vent et l'aventure », explique Heer. « Mais ils ne voient pas les années de travail acharné et d'engagement nécessaires pour arriver jusqu'à la ligne de départ. C'est un défi bien plus grand que la course elle-même. »

Douze mois plus tard, Heer et son équipe travaillent sans relâche à la préparation d'une nouvelle campagne pour The Ocean Race 2027 et le Vendée Globe 2028. Leur objectif : une campagne plus ambitieuse, plus performante et plus rapide. Pour cela, ils concourront sur un IMOCA moderne à foils, un bateau bien plus rapide, complexe et compétitif, capable de rivaliser avec les leaders. Heer a déjà trouvé le bateau idéal, établi sa nouvelle base de campagne au Royaume-Uni et réuni une équipe d'experts en affaires, en voile et en technique pour atteindre son objectif.

« Nous sommes déterminés à courir avec un objectif précis, à défendre les valeurs suisses, à soutenir la science du climat et à étendre nos initiatives de développement durable à de nouveaux publics. »

Alors, à quoi ressemble une campagne ? Une campagne typique consiste en une sélection de courses soigneusement choisies sur une période de 3 ans, culminant avec la course océanique la plus difficile au monde : le Vendée Globe, également connu sous le nom d’« Everest des mers » en raison des difficultés physiques et mentales requises pour y participer.

Les courses qualificatives comprennent des épreuves en solitaire, en double et par équipe, dont The Ocean Race, une course autour du monde en plusieurs étapes disputée en équipe. Cette formule vise à mettre le skipper à l'épreuve, à encourager le partage d'expériences entre les navigateurs et à permettre à une nouvelle génération de coureurs au large de découvrir le circuit compétitif IMOCA.

Les navigateurs accumuleront des points pour chaque course à laquelle ils participeront, points qui compteront pour les critères de qualification rigoureux du Vendée Globe 2028, garantissant ainsi que seuls les meilleurs skippers du monde pourront participer à cette formidable circumnavigation en solitaire et sans escale.

Le nouveau cycle de quatre ans qui marque le compte à rebours avant la prochaine campagne d'Oliver Heer au Vendée Globe a commencé, les premières régates étant prévues pour début 2026. Mais comme Heer l'admet, tout ne sera pas rose.

Malgré les efforts inlassables de l'équipe en coulisses, l'objectif de financement minimum n'a pas encore été atteint. La bonne nouvelle : deux nouveaux sponsors suisses rejoignent l'équipe, s'ajoutant à un groupe de partenaires de longue date qui ont renouvelé leur engagement après avoir soutenu Heer lors de son premier tour du monde en solitaire.

Pour lancer officiellement le bateau au printemps 2026, l'équipe doit encore trouver de nouveaux partenaires commerciaux. Pour cette campagne, Heer adopte un modèle de sponsoring plus flexible. Contrairement à de nombreux projets de course océanique qui reposent sur un seul sponsor principal, son approche propose plusieurs niveaux de partenariat, conçus pour faciliter la collaboration à un plus large éventail d'entreprises suisses et internationales, tout en préservant une forte valeur commerciale et une grande visibilité.

« Nous construisons un projet professionnel et commercialement viable », explique Heer. « Notre objectif est de créer une réelle valeur ajoutée pour nos partenaires et de leur garantir un véritable retour sur investissement. »

Heer parle avec franchise des difficultés liées à la transition d'athlète à entrepreneur. « Après le Vendée Globe, je pensais que les choses deviendraient plus faciles », admet-il. « Mais en réalité, personne n'attend. » « Pour toi. Tu dois faire tes preuves à nouveau – cette fois-ci hors de l’eau. »

Malgré les difficultés, la détermination de Heer reste intacte. La nouvelle campagne est lancée, avec l'ambition claire d'être plus compétitive au Vendée Globe 2028 et de participer à The Ocean Race 2027.

« Je crois au progrès », ajoute Heer. « Faire deux fois la même chose, même à un haut niveau, c’est stagner. Je veux aller plus loin, plus vite, plus grand et plus fort – et représenter l’excellence suisse alémanique sur la scène internationale. »

Pour Heer, la volonté de repousser les limites est toujours aussi forte, tout comme sa fierté de représenter la Suisse alémanique dans l'un des sports les plus exigeants au monde.

Fort des leçons tirées du dernier Vendée Globe et d'un plan clair pour l'avenir, Heer trace une voie plus intelligente et plus collaborative vers 2026.

L’article « L’aspect commercial de la voile » est paru initialement sur All At Sea .